Des légumes poussent sur les toits et Tokyo découvre les joies du potager TOKYO - Tomates, aubergines, concombres et citrouilles, le panier de Yukio Oki est remplis de légumes cueillis... sur le toit d'un immeuble de Tokyo, devenu terrain de cultures maraîchères comme d'autres bâtiments de la capitale japonaise. M. Oki représente la chaîne de supermarchés Matsuya, qui exploite une parcelle de terrain cultivé sur un immeuble de Ginza, l'un des quartiers chics de la ville. Confronté aux problèmes de toutes les mégapoles --réchauffement climatique démultiplié, craintes pour la sécurité alimentaire, chômage--, Tokyo pousse entreprises et administrés à se lancer dans la culture maraîchère urbaine. Son gouverneur Shintaro Ishihara encourage les propriétaires d'immeubles à couvrir leurs toits de jardins potagers pour lutter contre le phénomène d'"îlot de chaleur urbain", qui rend particulièrement dramatique le réchauffement climatique dans les grandes villes. Outre l'activité humaine (voitures, chauffages, climatiseurs, etc.) productrice de chaleur, le goudron des routes, les vitres des immeubles captent en effet les rayons du soleil, augmentant la température des cités. Parmi les projets lancés pour contrer ce phénomène, des patates douces sont cultivées sur un toit d'immeuble par des filiales du groupe de télécommunications NTT. "Les patates douces poussent très bien dans l'environnement rude des sommets des immeubles, marqué par un soleil de plomb et des vents forts", explique Masahiro Nagata, du service environnement de NTT Equipements. La température mesurée sur le toit du bâtiment est de 27 degrés plus élevée sur la surface bétonnée que dans les espaces couverts par les larges feuilles vertes des patates douces, selon une étude de l'entreprise. Vendus à Tokyo même, ces produits rassurent des consommateurs souvent inquiets quant à l'origine de leur alimentation, dans un pays qui importe 60% de ce qu'il boit et mange. Les Japonais sont très soucieux de sécurité alimentaire, d'autant que plusieurs affaires de produits importés dangereux pour la santé, en partie chinois, ont fait scandale ces derniers mois. NTT Equipements voudrait planter des cultures au-delà des immeubles résidentiels, notamment sur les toits des écoles, et espère se développer partout dans le pays. Au-delà de leurs bienfaits environnementaux, les potagers urbains permettent d'offrir un emploi inattendu à certains citadins désoeuvrés. L'agence de travail temporaire Pasona Group a ainsi lancé sa propre exploitation, en sous-sol cette fois, et dispose de six "fermes" d'intérieur aux allures de laboratoires. Elle y cultive des légumes, mais aussi du riz et des fleurs, aux conditions de température, humidité et éclairage adéquates. "Nous voulons encourager l'agriculture japonaise en y faisant travailler des jeunes gens enthousiastes", explique Sayaka Itami, chef du service développement à Pasona. L'agence d'interim espère ainsi créer une nouvelle offre d'emplois pour les jeunes qu'elle veut placer sur le marché du travail. L'un d'entre eux, Tomohiro Kitazawa, 31 ans, a ainsi débuté dans une "ferme" souterraine du quartier financier d'Otemachi après plusieurs années d'autres petits boulots, et cultive des salades. Ancien sous-sol d'une banque, son lieu de travail est désormais un lieu de verdure, chaud et moite. "Ca m'a fait bizarre au début de cultiver des légumes comme ça, mais j'ai appris les valeurs de ce travail", confie-t-il. (©AFP / 06 novembre 2008 06h52) Et nous, en faisons-nous autant ? Les petits jardins autour des villes sont en recrudescence, c'est vrai. Est-ce une pratique réservée à l'usage des villes Niponnes ? |