• Le godet de Notre Dame…

    Le godet de Notre Dame…  

       

    Bien que Sainte Vierge, on n’en est pas moins femme- humainequoique… mais ça c’est une autre histoire- soumise aux aléas de la vie, à ses contraintes et ses obligations, à ses besoins physiologiques. Marie, déjà visitée par Gabriel, cheminait seule dans la campagne picarde en mai zéro. (Et pourquoi pas la Picardie ? Elle avait bien le droit de voir du pays, de prendre du bon temps ? Avec ce qui l’attendait…) Vous auriez vu ce temps !!! Une chaleur, pire qu’en 1976, rien à voir avec 2011. La canicule, la vraie, celle où les feuilles desséchées des arbres ne demandaient qu’à s’enflammer… Marie, aglavée, la gorge sèche, aurait échangé un royaume pour une timbale d’eau fraîche. Epuisée, loin de toute habitation, elle posa céans dans l’herbe jaunie du chemin, s’en remettent à ??? Enfin aux puissances supérieures qui dirigeaient sa vie et ses pas. Un brave homme tirant une longe à laquelle était attachée une mule récalcitrante apparut dans un nuage de poussière et une volée de jurons à faire rougir une dame de qualité. Sur la mule, deux tonneaux qui brinquebalaient et qui gargouillaient. Pleins ! - Mon brave, auriez-vous l’obligeance de me rassasier…enfin je veux dire de m’abreuver, de me donner de l’eau de votre tonneau ? - Madame, une dame de votre convenance ne devrait pas s’aventurer sur ces chemins si peu sûrs ! Et je voudrais bien répondre à votre demande, mais c’est que…mes tonneaux contiennent l’un du vin, l’autre de l’eau de vie. Ca va vous mettre le gosier en feu. - Pour l’amour de Dieu, aidez- moi. Soyez charitable. Dieu vous le rendra, j’en fais le serment et je suis bien placée pour le savoir. (Du vin en Picardie ? A cette époque ? Et pourquoi pas ? Et cessez de m’interrompre pour un oui et pour un non.) - C’est que Madame, je n’ai point de verre. Vous ne pouvez pas vous abreuver à même le robinet. Vous tacheriez votre robe azurée. Sur le chemin, fleurissaient millepertuis et coquelicots et des corolles blanchâtres menaient une ronde effrénée parmi les herbes folles. L’homme arracha une fleur de liseron qu’il emplit de vin et qu’il tendit à Marie. Le récipient floral et délicat ne contenait qu’un doigt de vin. (Je me dois de faire encore un aparté : Marie, femme bénie parmi les femmes, ne fut pas choisie pour ses aptitudes au calcul. A croire qu’elle en ignorait même le nombre de ses doigts, dix, vingt, trente, quarante ???) Elle en but tant et tant qu’elle ne put repartir et, bien que désaltérée, elle passa la nuit à la belle étoile. C’est depuis ce temps, si on observe attentivement, que les corolles de liseron offrent des traits rosés…les dernières gouttes de vin, que Marie, éméchée, a négligé… … !!!


    Françoise Danel

     


         

    Revue trimestrielle de l’association « LIRECRIRE » de Beauvais

    N°07 - Juillet  2012   

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