Le marché au resto, pas que pour bobos et bio-bio Pains, fromages, légumes, huiles... face aux producteurs du petit marché : les clients savent d'où viennent les produits. Les vendredis après-midi, dans le restaurant de Martine, on pousse tables et chaises.Place aux producteurs bio... mais pas seulement. « C'est drôle quand je vois ceux qui sont venus au restaurant, le vendredi midi, revenir au marché, dès 16 h. J'ai l'impression que je ne leur donne pas assez à manger », plaisante Martine Hamont. C'est pourtant elle, la patronne du Casse-Graine Café, qui a eu cette idée de laisser la place à un petit marché hebdomadaire. Celui-ci entame sa 2e année, et a déjà ses habitués. « J'y ai pensé dès que j'ai ouvert, il y a trois ans et demi », explique l'ancienne travailleuse sociale. A la grande joie de ses fournisseurs et producteurs locaux, qui, contrairement à ce que l'on croit, ne sont pas tous forcément bio « parce que je ne voulais pas m'enfermer dans une histoire de label ». « L'hiver, dans les marchés à la ferme, on a un peu moins de monde, donc c'est une bonne idée », estime Christophe, marchand de fromage à Trébeurden. Sur les dix petits étals, les gourmands trouvent aussi pains, fruits, légumes, huiles d'olive, yaourts, lait, cidre, charcuterie, rillettes, jus d'hibiscus et de gingembre, des produits équitables, et même des produits d'entretien et de soin du corps, certifiés bio, écolos et recyclables. Abondance de bio Apparemment à Lannion, entre le marché, les fermes et les biocoop, abondance de bio ne nuit pas. « S'il y a autant d'offres, c'est qu'il y a de la demande », philosophe Martine. Comme certains des clients du p'tit marché, elle l'explique par le fait que « la région a été très touchée par la pollution avec l'agriculture intensive. C'est une manière de prendre le contre-pied, de protéger l'environnement. » « En fait, on retrouve la façon de cultiver de nos grands-pères. Avant, tout le monde mangeait très bien en Bretagne », se désole Jacques, client de Locquémeau. La tradition du marché, forte à Lannion, apporte sans doute aussi un coup de pouce à cette tendance. « On consomme différemment » Si le bio est parfois assimilé au mouvement bobo, l'esprit militant du Trégor y est peut-être aussi pour quelque chose. « Moi, ça fait dix ans que je prends du bio, précise Catherine, de Lannion. Depuis que j'ai pris conscience que je mangeais trop de cochonneries. Je me suis amusée à regarder la composition des produits, et ça fait peur. C'est peut-être plus cher mais on consomme différemment : comme on n'est pas tenté par les produits en têtes de gondole, on s'y retrouve. » « Entre mon jardin et le marché, je n'achète plus en grande surface. Et si on prend des produits de saison, ça n'est pas tellement plus cher », confirme Maryvonne. Pendant ce temps, Apolline (7 ans) et Léna (9 ans) font le plein d'artichauts avec leur maman. Mona, une Perrosienne de presque 70 printemps, confie elle aussi acheter en direct, depuis une dizaine d'années, « pour favoriser ce type d'agriculture. En plus, c'est meilleur. » Le temps d'un thé ou d'un coup de cidre bio, les habitués dissertent, assis à l'une des tables rescapées du restaurant. « C'est aussi pour la pause d'après les emplettes qu'on aime bien venir ici. » Les acheteurs réguliers ont choisi leur camp : eux, c'est filières courtes et longues discussions. Pratique. Casse-Graine Café, rue des Acacias, zone d'activités Nod-Huel. Restaurant, ouvert tous les midis, le soir sur réservation. Marché, le vendredi, de 16 h à 19 h.
Ouest-France Sylvie RIBOT. mardi 07 octobre 2008 http://www.lannion-perros.maville.com/Le-marche-au-resto-pas-que-pour-bobos…
L'initiative est originale. Le Bio s'invite au restaurant, maintenant. |