• Les âmes s'élèvent dans les jardins de Kerambar'h

     

    Les âmes s'élèvent dans les jardins de Kerambar'h
     
    Les âmes s'élèvent dans les jardins de Kerambar'h
    dimanche 03 juillet 2011


    Ces jardins rendent hommage au Moyen Âge et à la Renaissance. Ils invitent à la méditation voire à la prière. Évidemment, l'homme qui les a (re)créés n'est pas banal.
    À deux jets d'arbalète de la quatre-voies Vannes-Lorient, le château de Kerambar'h et ses jardins, à Landaul (Morbihan), vous font entrer dans un autre monde. Ici, tout est paix, ordre et culture. Des jardins et de l'esprit. Yann Le Sech vous accueille en citant Aristote et en parlant de l'amour de la Nature qui est amour de Dieu... La graine ainsi semée, il vous emmène à sa suite vers ses cinq jardins.

    Nous passons sous des chênes aux immenses ramures. « François II, le père d'Anne de Bretagne, n'était pas né que ces chênes vivaient déjà... », assure-t-il. Ceux-là ont résisté à la tempête de 1987, laissant chacun une branche ou deux dans la bataille, comme un soldat laisse un bras ou une jambe. « La nuit du 16 au 17 octobre, 2 000 arbres par terre ! » Mais, poursuit-il, « à quelque chose malheur est bon : la tempête a mis au jour les vestiges des jardins qui existaient il y a 400 ans et plus... ».

    Toises, pieds et pouces
    Depuis, il s'échine à restituer ces espaces, fidèle à la lettre et surtout à l'esprit du Moyen Âge et de la Renaissance. Les jardins devaient répondre aux besoins du château dans tous les domaines. Le jardin médicinal réunit 73 plantes décrites dans le codex d'Alcuin, un moine écossais conseiller de Charlemagne. Un baptistère en pierre du XIVe siècle, retrouvé ici, trône au centre d'une composition carrée qui ne se réfère pas au système métrique, alors inconnu, mais à la toise (194 cm), au pied (six pieds font une toise) et au pouce.

    Ici, tout relève de la symbolique chrétienne, depuis l'ordonnance qui mêle la croix de Saint-Georges et la croix de Saint-André jusqu'au nombre de carrés et d'alvéoles évoquant la Sainte-Trinité. Symbole mais aussi efficacité. « Tout est en ordre avec l'eau et le soleil », souligne-t-il, en montrant le fruit « bourré de vitamine C » d'une rosa gallica officinalis. « Les gens d'autrefois réfléchissaient, ils faisaient preuve d'une intelligence prodigieuse. »

    Les haricots du Saint-Sacrement
    On quitte ce bel enclos et on traverse le verger - quetsches, pommes, pêches, prunes... - avant d'arriver au « potagier » de 33 toises carrées, assez grand pour nourrir « une maisonnée d'au moins trente personnes ».

    Neuf carrés de plates-bandes, séparés, comme dans les années 1300, d'allées de gazon, et formant aussi un motif à partir de la croix de Saint-Georges (aux points cardinaux) et de la croix de Saint-André (aux angles). Ici, le légume-roi est le haricot, mais pas n'importe lequel : le haricot du Saint-Sacrement, ainsi nommé parce qu'il présente une série de taches en forme d'ostensoir. « Les fèves m'ont été données par un moine bénédictin de Kergonan, l'abbé Le Gall, aujourd'hui archevêque de Toulouse, qui avait un jour visité et aimé ce jardin », dit-il avec fierté. Mais ils ont beau être divins, ces haricots restent des haricots... C'est pourquoi ils poussent à côté de la sarriette, « pour éviter les flatulences ! »

    Au Paradis
    Et on arrive au jardin liturgique, où quatre carrés symbolisent les Évangélistes et les grandes fêtes chrétiennes : un carré de narcisses pour Pâques, de pivoines pour la Pentecôte, de lupins pour la Fête-Dieu et d'ellébores pour Noël... Au centre, un rosier pour l'Assomption.

    Tout autour, les rosiers des douze Apôtres (comptez-les bien) et des buis pour les Rameaux. Là, si vous ne sentez pas votre âme s'élever, filez tout de suite au jardin des plaisirs courtois. Et laissez Yann Le Sech pester contre les chevreuils qui ont bouffé ses pivoines de Pentecôte. Lui a gagné son Paradis depuis longtemps.

    Textes et photos :Didier Aubin.
     
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