On s’arrache les jardins familiaux
Pour des raisons financières mais aussi parce que les légumes sont meilleurs, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir jardiner.Mais il faut plus d’un an pour obtenir une parcelle. 17.05.2010, 07h00 Qu’on se le dise : les jardins familiaux, c’est tendance! Hier, 700 jardiniers venus de Beauvais, Creil, Crépy-en-Valois ou de Chantilly l’ont confirmé en se retrouvant à l’Elispace de Beauvais pour leur grand congrès annuel. Et ils auraient pu être beaucoup plus. Car ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un potager derrière leur pavillon s’arrachent les 5000 petits lopins de terre de 250 m2 éparpillés dans le département. « Nous avons un nombre incalculable de demandes, confirme Michel Leblond, le président des Jardins familiaux de l’Oise. Les listes d’attente ne cessent de s’allonger. Impossible de satisfaire tout le monde. Pour obtenir une parcelle, il faut compter entre un à deux ans de délai. » Les raisons de ce succès? En pleine période de crise, les jardins familiaux sont d’abord devenus LE bon plan alimentaire. En clair, le potager vole au secours du portefeuille. « C’est vrai que les gens viennent en premier lieu pour casser la croûte, relève Michel Leblond. En cultivant un jardin et en récoltant ses propres légumes, on peut réaliser des économies substantielles. » C’est le cas de Brigitte Lauff, 60 ans, vice-présidente de la section Beauvais-Marissel. Depuis douze ans, elle veille au bon entretien des jardins familiaux des Champs-Dolents, coincés entre les barres de la ZUP Argentine et l’aéroport de Beauvais-Tillé. « Quelqu’un qui se débrouille bien peut avoir des légumes pour toute une année, glisse-t-elle. Le tout est d’être bien méthodique et organisé. Moi par exemple, sitôt mes pommes de terre récoltées, je plante des choux… » Ici, le moindre centimètre carré des 128 parcelles est exploité. « Certains ne cultivent que des légumes, remarque Brigitte. Ils refusent de consacrer la moindre petite place aux fleurs. » Mais les habitués des jardins familiaux ne font pas que mettre du beurre dans les épinards. Leur motivation est aussi qualitative. « Prenez ces radis, lance Brigitte, courbée sur son potager. Ils sont bien meilleurs que ceux que l’on achète en grande surface. Pareil pour le persil. Il n’a rien à voir avec celui que l’on peut trouver dans les rayons des magasins., complètement inodore et sans saveur. » Loin des considérations économiques et gustatives, le succès des jardins familiaux s’explique enfin par sa dimension sociale. « Les gens viennent en famille, avec leurs enfants, explique Michel Leblond. Tout le monde parle à tout le monde, quelle que soit son origine ou sa classe sociale. Une paire de bottes aux pieds, les mains plongées dans la terre, il n’y a plus ni cadre ni ouvrier. Tout le monde est sur le même pied d’égalité. Et puis ici, nous avons des Turcs, des Portugais, et toutes ces communautés se côtoient sans problème… » David Livois
|