• Une nouvelle Bourse aux fleurs éclôt aux Pays-Bas

    Une nouvelle Bourse aux fleurs éclôt aux Pays-Bas

    Posté le: 05 Jan 2008 à 17:45

    Au 1er janvier, les deux plus grands marchés aux fleurs des Pays-Bas vont fusionner. Les enchères d’Aalsmeer, déjà nées de la fusion de deux halles régionales, vont prendre le nom de leur dernier concurrent néerlandais de taille, FloraHolland, un marché situé à Naaldwijk, près de La Haye. Avec son logo en forme de petite tulipe rouge, la coopérative d’Aalsmeer va s’imposer comme le Wall Street de la fleur coupée et de la plante en pot : 84 % des exportations mondiales de fleurs, 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et des prévisions de 40 % de croissance sur la décennie à venir.
    Les chiffres ne sont pas les seuls à donner le tournis. L’immense halle en sous-sol, à 15 km de Schiphol, l’aéroport international d’Amsterdam, est un tourbillon de tiges, de bottes et de bouquets. Sur cette plaque tournante qui fournit 30 % du marché européen de la fleur, des milliers de variétés virevoltent, transportées en seaux sur de longues rames électriques, puis stockées dans des enfilades de chambres froides, 2 °C pour les roses et les œillets, entre 4 et 6 °C pour les tulipes, lys et gerberas. Ces salles mènent au cœur du marché au cadran, un amphithéâtre de taille moyenne où les acheteurs, surtout des hommes, se retrouvent tous les jours, dès potron-minet.
    Aiguille. Le cadran, un système d’enchères inversées, a été inventé en 1870 pour réduire le temps passé à discuter les prix de fleurs qui menacent toujours de faner. Il permet aujourd’hui à 12 000 fournisseurs et 3 000 acheteurs de négocier en un temps record, entre 6 et 9 heures du matin, quelque 20 millions de fleurs. Sur grand écran, les photos et propriétés des lots défilent à très grande vitesse. L’horloge électronique part du tarif le plus élevé, par exemple 1 euro la tige pour un lot de roses, son aiguille baissant par centime d’euro jusqu’à ce qu’un acheteur, à son pupitre, se décide en actionnant un bouton, décrochant finalement la rose à 0,05 centime d’euros.
    Les fleurs sont ensuite triées, livrées, emballées et chargées à bord de camions et d’avions à destination de toute l’Europe. En Russie et en Pologne, la demande des nouveaux riches assure un bel avenir aux variétés les plus chères et les plus voyantes de roses et d’orchidées. En Italie et en Espagne, pays catholiques, la consommation privilégie œillets, lys et chrysanthèmes, qui s’achètent par brassées aux cérémonies : baptêmes, mariages et enterrements. Aux Pays-Bas, le marché intérieur est saturé. Les dépenses consacrées aux fleurs n’augmentent plus : 53 euros par an et par habitant, contre 33 euros en France et un sommet européen de 83 euros en Suisse. A en croire Johan Muhr, un exportateur spécialisé dans les pays scandinaves, Aalsmeer rêve d’une généralisation du modèle allemand, où tout le monde s’achète son petit bouquet hebdomadaire pour décorer la cuisine ou le salon.
    «Stratégie». «La grande force des Néerlandais, c’est d’avoir mis en face les uns des autres tous les acteurs du marché, un atout majeur pour le produit ultrafrais qu’est la fleur», commente Dominique Munier, directeur général de Monceau Fleurs. Pour ce détaillant français, l’impact de la fusion Aalsmeer-FloraHolland restera minime. «Le tiers de notre approvisionnement se fait déjà auprès des producteurs, au Kenya, en Equateur et en Colombie, pour ne citer que les trois principaux pays de la rose, précise Munier. Nous avons une stratégie d’achat diversifié, pour ne dépendre de personne.»
    C’est contre cette tendance que veut lutter la nouvelle halle de FloraHolland. Les horticulteurs néerlandais tiennent à garder leur position centrale, à une époque où leurs clients traditionnels, les grossistes approvisionnant chacun leur réseau de petits fleuristes, sont supplantés par les supermarchés.
    Ces grandes surfaces, pour les mêmes raisons que Monceau Fleurs, sont tentées de s’approvisionner directement où bon leur semble. Pour mieux garder leur longueur d’avance, en tant qu’intermédiaires, les producteurs de FloraHolland se sont donné comme priorité le développement de l’achat à distance.
    Globalisation oblige, Aalsmeer a déjà instauré un système d’achat online qui permet à des négociants du monde entier de participer à la criée quotidienne, par ordinateur interposé. Un système de connexion plus rapide va être instauré, capable de traiter en direct dans plusieurs langues, dont l’espagnol. «Ces ventes à distance représentent déjà 17 % du total en 2007, et elles devraient rapidement passer à 30 %», anticipe Anabel Evans, journaliste de FloraCulture International, le mensuel de référence des professionnels. Dans sa version horticole, voilà le capitalisme néerlandais poussé à l’extrême. «Il n’y aura plus qu’une seule entité en charge d’une stratégie internationale, tout en gardant une identité forte de coopérative», commente Anabel Evans.
    Ficelles.A Aalsmeer, on se fiche pas mal, en effet, de savoir qui sera le prochain PDG. En revanche, on discute stratégie pendant des heures. Les horticulteurs néerlandais, qui vont continuer de tirer les ficelles de FloraHolland, ont voté pour la fusion, le 20 septembre, à plus de 80 %. Il y aura moins de concurrence au niveau local, mais un regain d’efficacité est attendu à l’international. «Petit pays, grand acteur» : la devise du Conseil néerlandais des fleurs, un organisme public de promotion des fleurs à l’exportation, n’est pas près d’être démentie. En 2007, 10 milliards de fleurs coupées ont été vendues via les Pays-Bas.

    C'est quelque chose ....
    Le commerce des fleurs en Hollande..
    Des chiffres qui donnent le tournis..
    Et ils vont fusionner...

    SABINE CESSOU 31 déc 2007 Texte Intégral


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