Botanic, virage au vert
Ils ont vu la lumière et ils sont entrés… dans le bio. Après des démarches éco responsables, comme l’arrêt de distribution de tracts dans les boîtes aux lettres, Botanic, grande surface de jardinerie, a depuis janvier 2008, décidé d’arrêter de vendre des pesticides qui arrosent les pieds des rosiers et font fuir sur une patte les coccinelles. Dans cette veine écolo réfléchie, Botanic a imposé dans ses magasins des épiceries bio, pour que le client, néojardinier vert, ait également du vert naturel dans son assiette. «Personne n’a jamais prouvé que manger bio faisait sourire», évacue Julien, cuisinier au café philo bio. Mais il peut nourrir son homme. Confiseries. On est loin des épiceries décoration soviétique, avec des produits à l’austère packaging et aux étiquettes collées au lait. Botanic vend des produits sans gluten et des graines qu’on donnerait plus volontiers à des hamsters qu’à des humains. Mais l’enseigne commercialise aussi des confiseries, des produits plaisir qui nécessitent de bien bouger pour les éliminer. «Il ne faut pas croire que manger bio c’est manger des aliments médicaments ou uniquement diététiques», corrige Sylvaine, épicière au Botanic, six semaines de formation à Annecy pour apprendre le bio. On a beau chercher, faire deux fois le tour du stand en bois rouge, une version pour adultes de la marchande de Smoby, on ne trouve pas de tomates. Pas de fraises non plus. Et encore moins de melons. Et pour les pêches melba, on repassera aussi… l’été venu. «Ici on apprend à nos clients la saisonnalité des produits», explique Michel Pommery, chef du projet Vivre autrement chez Botanic, comme pour mieux justifier l’absence de ces produits faussement considérés de première nécessité quelque soit le climat. Mais, en dehors du rayon fruits et légumes, tout y est. Car les clients ne sont pas tous du genre à ne manger que des pissenlits et leurs racines. Des rayons de Botanic, on a bien apprécié les cookies Fourrés Choc du Moulin du Pivert - alter-bio des Hello de Lu -, tellement appréciés que la boîte de dix fut rectifiée en moins de deux. Et rien de diététique là-dedans. Même chose dans la plaque de chocolat, au lait avec des cristaux de sel notre favorite, à 5 euros quand même. 5000 références de produits et pour combler l’absence des tomates, cruelle quand même, Botanic met en rayon des panais, longues courges jaunâtres «entre la carotte et le navet», explique Sylvaine. Dans les étals une récolte de fruits et légumes d’un autre temps, comme des topinambours à 3,66 euros le kilo. «Nous sommes livrés tous les deux jours, poursuit-elle, et les productions viennent toutes de France.» Sauf les fruits de la passion exposés à côté des saucissons secs pur porc, les kiwis et les oranges. Les oranges sont bien hors saison, et elles ont beau provenir d’Espagne le client les mangera ou les pressera sans avaler un cocktail de pesticides. Un mur de bouteilles d’huile d’olives. Deux marques distribuées en rayon, la Vigean et l’Emile Noël, l’une de l’Indre l’autre du Gard. Le litre d’huile d’olive vierge extra s’affiche à 11,10 euros. Pas vraiment plus cher que son alter-ego non bio. «Les prix dépendent des récoltes, explique l’épicière, les producteurs ne sont jamais à l’abri d’une mauvaise saison, d’ailleurs les prix changent de semaine en semaine, suivant le climat.» L’approvisionnement dépend, lui aussi, des saisons et il y a rupture de stock dans l’huile de sésame. «Conviction». Il paraît que le jour de l’ouverture du comptoir bio, les clients attendaient dehors pour acheter de l’huile, des cosmétiques Ballot-Flurin type «élixirs vibratoires apicoles anti-âge», et des détergents verts, produits les plus demandés. «Les articles que nous vendons ne sont pas seulement bio, ils sont fabriqués par des producteurs ayant une solide conviction et une histoire familiale bien ancrée, développe Michel Pommery chef du projet bio. En rayon vous trouvez des yaourts aux fruits des bois de la maison Gaborit. Les Gaborit font paître leurs vaches dans des pâturages qu’ils plantent eux-mêmes !» Des puristes. Tout est bio donc même le champagne, 43,90 euros la bouteille. On ne l’a pas goûté, mais on a trouvé ça un peu cher… Les responsables du projet assurent pourtant «s’être organisés pour être abordables». 1,29 euro la laitue, 4,01 pour la boîte de raviolis au roquefort. On reste très sceptique devant les serviettes hygiéniques en coton bio… de même face au livre sur le jeûne dont la présence dans un magasin de victuailles est pour le moins étrange. Notre limite au tout bio est atteinte avec le pot de Karouba, pâte à tartiner, qui ne vaut quand même pas une bonne cuillère de Nutella.
STÉPHANIE PLATAT QUOTIDIEN : vendredi 28 mars 2008
|