• En quête à Voisinlieu - 5e épisode

    En quête à Voisinlieu

    (Polar) 5e épisode
     

      5e épisode – Yolande DHEILLY Qui a bien pu partager un café avec elle et puis pourquoi est-elle encore en déshabillé si elle doit se rendre au marché ? Il songe à une visite nocturne après son départ de la veille, mais il n'ose poser de questions pour ne pas briser l'émotion, pour retenir ce pétale de bonheur intense. Rosa a capté son regard inquiet et douloureux, elle murmure d'une voix mal assurée : - Quelqu'un m'a rendu visite tôt ce matin mais ne t'inquiètes pas, ce n'est pas ce que tu crois ! - Rosa, ma douce, trop de mystères entourent ma vie depuis que je suis revenu dans le quartier. Ne me complique pas les choses ! Elle lui tend les mains avec une expression de tristesse, un air d'animal blessé. Il remarque alors des hématomes sur le dessus de ses mains et autour de ses poignets. - Qui est ce "quelqu'un" qui t'a violentée Rosa ? Tu dois me le dire ! Il l'attire vers lui pour l'apaiser, pour la consoler, le mettre en confiance. Elle sanglote à présent : - C'est Pierre, le père de Sophie, nous sommes séparés depuis très longtemps, mais il ne le supporte pas. Je lui ouvre la porte à cause de notre fille, mais il a des accès de violence périodiques car je refuse de reprendre la vie commune. Laisse-moi maintenant. Je dois m'habiller et aller en ville. Reviens demain vers midi, nous déjeunerons ensemble. Michel s'éloigne de la maison tel un félin qui cherche sa proie. Des sentiments contradictoires l'envahissent. Il évite de justesse une voiture dans la rue. Tiens… une twingo jaune… Il a l'impression de l'avoir déjà remarquée. Tout à coup, il se sent traqué. L'enfermement l'aurait-il rendu un peu paranoïaque ? Il doit se calmer. Il erre dans la ville toute la matinée en regardant les vitrines avec des yeux qui ne voient plus. Puis il engage une longue course vers le plan d'eau du Canada qu'il contourne plusieurs fois ne ressentant que l'odeur de l'étang et la brise fraîche sur son visage. Il transpire, à bout de souffle. Quand la nuit tombe, son corps apaisé se dirige vers l'hôtel tel un automate. Au passage à niveau il a l'impression d'être suivi…toujours cette angoisse de fugitif, du prisonnier surveillé… Il s'engouffre dans la rue Odet de Châtillon qui l'enveloppe de sa noirceur. Au bout de la rue, il reconnaît la voiture jaune qui a failli l'écraser. Trop tard pour réagir ! Deux hommes le ceinturent tandis qu'un autre le saisit à la gorge, l'insulte, le menace d'un couteau ! - Que t'ai-je fait ? Qui es-tu ? hurle Michel s'adressant à l'homme au couteau - Je suis Pierre. Ne t'approche plus de Rosa ni de ma fille ! - Mais que me veux-tu ? - Je vais te le dire, ordure ! Tu as flingué Bernard, mon père pour rien ! Le tien de père était un collabo. Mon père, lui, n'a fait que son devoir en le dénonçant aux autorités après la guerre ! L'espace de quelques secondes, des images martèlent le crâne de Michel, insoutenables : la dépression de sa mère, la ruine de son père, les insultes de Bernard envers ses parents le soir du meurtre. Michel pense à appeler la police. Quelle dérision ! …

     

    Yolande DHEILLY

     


     
         
          La voix d’un lieu 
    Revue de l’atelier d’écriture de « Voisinlieu pour tous »
    http://www.voisinlieupourtous.net
    N°03 – Avril  2012
    « Le meilleur des carnets de Jules HostouleyFleur des Elfes »

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