A toi l’honneur ! », m’a dit Marc, élégamment vêtu de clair et chapeauté
pareillement. En version plus familière, ça donnait : « C’est toi qui t’y colle ! » Je fais ma mijaurée : Ouh, là là, My God, mais comment vais-je m’y prendre ? Alors qu’en fait, je crève
de fierté d’être l’éditorialiste de ce numéro du Liseron, d’être l’ELUE ! C’est MOI qui (ki). En plus j’ai appris ça le jour du FMNH. Non, pas le Front Mondial des Nudistes Hencolères,
mais le jour du Festival de la Micro-Nouvelle et du Haïku qui s’est déroulé (puis a été enroulé de nouveau) fin mai à Plouy, sous un soleil RA-DI-EUX et des auspices favorables (un pigeon
avait crotté à six heures trentedeux dans mon bol de café). Je sautai (passé simple) donc de joie (pas trop haut vu mon surpoids et mon âge mûuur) tentant ainsi d’imiter (mais sans
succès) les gracieuses créatures qui dansaient sous la houlette de Roberto (prononcer lobelto avec un peu de r quand-même) telles des copines d’Isadora Duncan dans les pâquerettes et sous
les saules (disparus). J’étais ravie, donc encore, et partageai (passé simple, bis, j’aime bien) ma joie avec les participants qui s’égayaient sous les arbres (terme générique pas trop
littéraire mais je sais pas trop c’est quoi comme race). Il me fallut user de quelques bribes de mauvais anglais pour me faire comprendre (Moi Jane, toi Tarzan) car cette année, le
festival était dépaysant, insolite, cosmopolite (toimême, mal poli !). Nous eûmes successivement un premier prix, enfin, une première prise québécoise qui s’écria « c’est tiguidou !» (si
vous ne savez pas ce que ça veut dire, cherchez sur la toile, bande de feignants) à l’annonce des résultats, un très joli auteur espagnol vivant à Albacete (je l’ai retenu, vu qu’il fut
obligé de répondre avec un sourire charmant et de bonne grâce à une vingtaine de personnes lui posant immanquablement la même question : « et sinon, vous venez d’où ? », une juive russe,
errante et sympathique, brillante et charmante, ayant vécu dans une dizaine de pays, exercé une douzaine de métiers, parlant couramment une treizaine de langues (ce qui me fit l’effet
curieux d’être un misérable ver de terre) et enfin, parce qu’il ne faut pas lasser le lecteur, une adorable et précieuse japonaise qui nous fit le cadeau d’un chapelet de perles
délicatement glissé de sa bouche : un vrai haïku, en vrai japonais. Sinon, pour faire coucou à mes potes, Alan nous charma de son phrasé parfait et de ses accords guitaresques (euh ?),
Framboise fut publiée cette année et le beau Vincent nous ensorcela de sa voix divine. Bref, j’en passe, et des moins bonnes. Mais voilà, je digresse, je digresse (tu dis quoi ?), fais de
mauvais jeux de mots (laids), tout ça au lieu de faire l’édito (to) d’une revue que je vous recommande, car c’est comme qui dirait un lieu de rencontres de gens à peu près aussi fêlés que
moi (voire plus) qui au lieu de se taper dessus tapent sur des bambous et des touches de clavier. Bref en gros, je ne fais pas mon boulot, mais je m’amuse bien. C’est important, non ?
Allez, à vos plumes !
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