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Le meilleur des carnets de Jules Hostouley - 01/04/2012
Le meilleur des carnets de Jules Hostouley 01/04/2012 01/04/2012 13:21:39 Thuyas et buis
Le buis est l’arbrisseau bien connu mis à contribution le dimanche des Rameaux. Autrefois (il y a 50ans), les enfants des villages (les enfants de cœur) passaient dans chaque maison pour collecter le buis auprès des propriétaires qui en possédaient. Pratiquement toutes les fermes, toutes les maisonnettes en possédaient. Donc les enfants ramassaient le buis , le samedi précédent les Rameaux, au moyen d’une petite remorque à lait, que l’on nommait bannette, et venaient le déposer dans l’Église du village. Le dimanche des Rameaux, le curé au cours de l’office, bénissait un tas de branches de buis, souvent très important .Nombreux étaient les fidèles ce dimanche là ; afin de récupérer leur petits rameaux de buis bénis. C’est dire l’importance que la population accordait à cette pratique, cette tradition, cette dévotion ; que certains ne manquaient pas de railler en la taxant de superstition. Les gens en mettait partout ; dans les maisons, les étables, les écuries, etc. etc. Il faut dire qu’à l’époque les compagnies d’assurance ne faisaient pas grandes recettes dans ces petites bourgades ; pauvreté oblige. Cela ne coutait rien de disposer ces rameaux aux endroits stratégiques pour se protéger de la foudre, des tempêtes, des maladies, des incendies et des accidents. On n‘y croyait ou n’y croyait qu’à demi, mais c’était la tradition. Et l’après-midi du dimanche des Rameaux les enfants de cœur rapportaient les rameaux de buis aux habitants qui n’avaient pu se déplacer ;à cette époque il y avait énormément de travail dans les fermes, même le dimanche. En échange les enfants recevaient quelques piécettes pour leur peine, car les hameaux étaient souvent forts distants de l’Église. La plupart du temps les habitants se montraient forts généreux. Malheureusement tout a changé ; le temps a passé ; la ferveur des villageois a beaucoup diminué ; les vocations d’enfant cœur se sont raréfiés ; la tradition s’est perdu ; le besoin de protection, s'est fait moins sentir. Les massifs et les haies de buis ont été délaissés, voire arrachés. Le thuya a fait son apparition pour remplacer les murs de clôtures dans les habitations nouvelles ; le buis relégué dans les quelques parcs de châteaux ou de grandes demeures bourgeoises, avec une image passéiste et désuète. Le thuya véhiculant une image plus moderne. Et poussant beaucoup plus vite que le buis. Pratique pour avoir une haie rapidement .Ensuite les gens se sont enfermés derrière leurs haies de thuyas ; se sont progressivement désintéressés de la vie du village ; se sont détournés de leurs voisins. Bref, difficile pour les enfants, quand ils doivent solliciter les habitants pour quelques menues ventes à l’occasion des fêtes et des cérémonies du village, au profit de quelques causes caritatives et généreuses ; difficile, donc, dans de nombreux cas, qu’on face un accueil favorable à la modeste requête de ces enfants. Il reste, encore, heureusement, des demeures où l’on ouvre grand les portails. Et puis le buis a été remis à la mode ; taillé de diverses formes ; un art que l’on nomme topiaire ; il orne, maintenant, de nombreux jardins en apportant des formes très diverses, parfois chargés de mélancolie, souvent empreintes de nostalgie. Le thuya, lui, est tombé en disgrâce, bien qu’encore très présent partout. Ce sont les écologistes qui ont provoqué son déclin dans les esprits au profit des haies champêtres. Ils ont même parlé de « béton vert » à son endroit. En fait, le thuya est aussi victime d’un parasite, le bupreste, qui provoque le dessèchement de son feuillage, dans les départements du sud. Cette calamité progressant lentement vers le nord, certes, mais surement. On peut espérer que le retour vers ces recettes du passé (toutes ne sont pas bonnes à garder) permettra de remettre un peu de sociabilité dans nos cités. Que nos concitoyens se cacheront moins derrière leurs murailles de conifères toujours verts.
Atrovirens Occidentalis…..
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